20.4.05

Affront national contre mensonge national

Je n'aurais jamais cru être amenée à citer le Pen dans mon blog (en tant que li-li, libérale-libertarienne, je n'ai aucune sympathie pour les nationalistes xénophobes), mais il se trouve que lui aussi (comme toute la classe politique) est au courant de la fin du monopole de la sinistre SS, comme en témoigne le script de son interview sur RTL le 18 avril :
Pierre-Luc SEGUILLON :
Est-ce que en écoutant précisément les questions qui étaient formulées par l'ensemble de ces jeunes qui étaient sur le plateau, vous qui êtes, j'imagine, quelqu'un qui est libéral, qui est plutôt pour l'économie de marché, est-ce que vous n'avez pas été frappé par leur volonté de protectionnisme, leur attitude défensive ?

Jean-Marie LE PEN :
Oui, je crois d'ailleurs, je crois qu'ils ont peur. La preuve qu'ils ont peur et qu'ils se font d'ailleurs de terribles illusions c'est que 75 % d'entre eux, dit-on, d'après les sondages toujours auraient comme ambition de devenir fonctionnaire. C'est-à-dire qu'ils ont peur de la vie et ils ont peur de la vie dans un pays où il faut dire les seuls travailleurs, si j'ose dire, les seuls employés qui sont à l'abri du chômage ce sont les fonctionnaires donc ça prouve qu'ils ont très peur du chômage et qu'ils évaluent les chances de la société française économique et sociale comme minces.
Et cela c'est certainement impressionnant. Mais ce qui m'a choqué plus encore alors, je m'excuse d'utiliser trois fois le même mot, ce sont les mensonges de CHIRAC car CHIRAC dans ses réponses, avec un culot, un aplomb qu'on lui connaît, a tout de même, j'ai noté quelques réponses là. Il a dit "la sécurité sociale reste de compétence nationale". C'est totalement faux, elle est ouverte à la concurrence depuis 1992.

Ruth ELKRIEF :
Je vous arrête Jean-Marie LE PEN parce que ça on rentre dans le fond de la constitution, on va y arriver, on va peut-être parler de la campagne et de son déroulement.

Jean-Marie LE PEN :
Ça n'est pas la constitution ça, c'est l'intervention de CHIRAC. CHIRAC dit, on lui dit, il dit "les services publics sont protégés par la constitution". C'est faux, tous les services publics sont désormais ouverts à la concurrence.
Chirac protectionniste, oui ! - mais le Pen (qualifié de "libéral" par Seguillon, ce qui est à mourir de rire) est au moins aussi protectionniste que Chirac (bien que sa réponse à la question soit tout à fait correcte).

Et un peu plus loin, nouvelle allusion à la Sécu :
Pierre-Luc SEGUILLON :
Juste un mot, un mot encore, tout à l'heure vous disiez, nos services publics seront menacés si la constitution est votée…

Jean-Marie LE PEN :
Ils sont pas menacés, ils sont déjà… leur sort est d'ores et déjà réglé !

Pierre-Luc SEGUILLON :
Bon, Bruxelles ne nous oblige absolument pas à privatiser les services publics…

Jean-Marie LE PEN :
Pardon ?

Pierre-Luc SEGUILLON :
Je dis Bruxelles ne nous oblige pas à privatiser les services publics, pas plus dans le traité précédent…

Jean-Marie LE PEN :
Vous permettez ! Ceux qui sont déjà soumis à la concurrence, c'est la sécurité sociale mais çà les français le savent pas encore, le jour où on va s'apercevoir qu'on peut s'assurer, n'est ce pas, non plus à la sécurité sociale mais dans une compagnie d'assurance qui vous donnera plus de prestations pour moins de cotisations, et bien il ne restera comme cotisants à la sécurité sociale, que les immigrés et les pauvres, et là çà s'effondrera !

Pierre-Luc SEGUILLON :
Est ce que vous êtes pour l'ouverture du capital d'EDF ou de GDF ? C'est bien ou c'est pas bien ?
Vous noterez comment à chaque fois les journalistes (censés nous informer) s'ingénient à dévier habilement la conversation sur un autre sujet...
 

3 commentaires:

privat a dit...

Ce qui est étonant, c'est que dans le site du FN, on ne trouve pas mention précise de la fin du monopole.

Seulement, à http://www.frontnational.com/doc_frater_sante.php on peut lire les propos suivants :
...
Il n’est pas anodin que l’on envisage aujourd’hui de confier tout ou partie du régime général à de puissants groupes privés d’assurances multinationaux (AXA, par exemple). On remarquera d’ailleurs que le représentant du patronat à la CNAM est également le numéro deux du MEDEF et le président du syndicat patronal des assurances (FFSA). La répartition des rôles se ferait alors entre un régime général géré par une société privée d’assurances et des mutuelles régionalisées (FNMF) complètement contrôlées par les centrales syndicales de lutte de classes. Il se trouve que ce modèle a aussi la préférence des institutions euromondialistes.

Ce qui est visé à terme est une limitation quantitative et qualitative de l’offre de soins pour y substituer une technocratie médico-financière disposant d’un droit sur la vie des patients. C’est ce que déclarait, à Berlin le 21 mars 1998, Lamberto Dini (gouverneur de la Banque centrale d’Italie) devant la Commission trilatérale : “La sécurité sociale et la santé devront demeurer assujetties à de strictes conditions financières”.
...

Alors que faut-il en penser?

Laure Allibert a dit...

Ce qu'il faut en penser, c'est que le FN est fidèle à sa vocation démagogique.

Il critique à juste titre la "socialisation" de la santé mais il met en garde contre sa gestion par le privé, sans voir la contradiction :

"il s’agit d’étatiser complètement la médecine et de pérenniser sa gestion “syndicale” tout en transformant la santé en “marché solvable”, reprenable par de puissants groupes du capitalisme financier. Cette politique implique, au préalable, une diminution du nombre des praticiens et des établissements de soins."

privat a dit...

Parce que les autres politiques ne sont pas démago sans doute?
Chirac et ses bobards, Rafarin qui a fini par accorder une augmentation aux fonctionnaires en esperant récuperer des OUI, la gauche qui depuis plus de 20 ans a promis une sécurité de revenus en travaillant moins (et même sans travailler), etc...
Ils se valent tous pour moi.